C’est une image qui ne me quittera jamais et qui remonte à prés de 26 années. Un « tumulus » sur un « Reg », bordant une route nationale de je ne sais plus quelle wilaya, alors que l’on s’enfonçait dans un bus en direction du Grand Sahara Algérien.
J’avais à l’époque 29 printemps. Je contemplais ce tas de pierre, depuis ce bus, et mon imagination fertile tentait de construire les tragédies humaines dissimulées derrière ce monument funéraire préhistorique avec ce qu’il y avait de plus beau et de plus triste dans la condition humaine. Je m’imaginais la douleur et le drame de ceux et celles qui, faute d’installer l’être cher disparu dans un confortable monument funéraire, se hâtaient de placer quelques tas de cailloux pour la postérité comme pour fixer le temps, la mémoire et le souvenir de ceux que l’on a aimé.
Je me surprenais à aimer ce tas de cailloux au point de l’immortaliser sur une photo, une autre façon d’emporter avec Moi ce brin de douleur et ces destins préhistoriques brisés.
Défier l’épreuve du temps et témoigner de ce qu’une Vie palpitante avait existé ici et là dans ce « Reg » calciné du Sahara. Voilà ce que m’inspirait, à l’époque, ce tas de cailloux à l’instar de ceux, plus imposants, des « Medracen du côté de Batna et de la Tombe de Séléné du coté de Tipasa si prés de Cherchell.
Avec le temps, et prés d’un quart de siècle après, je puis vous le dire, j’envie ceux et celles qui, pour honorer et sanctifier leurs amours terrestres, ont pu construire ces monuments funéraires pour la postérité.
Nous n’avons pas eu cet insigne et ultime privilège de pouvoir fixer pour l’éternité ces quelques moments de joie que l’on a connu alors que j’avais 27 printemps. C’est que nous étions une destinée tragique, un Amour sans patrie et une Vie sans Sépulture.